L’UTMB : épisode 1 L’Ardéchois 57km@2400m>0

 

    2008, une année chaude pour quatre escargots, Gilles, Fréderic, Hubert et Philippe. Les deux derniers ayant décidés de ne plus se quitter dans leur préparation excepté pour le prologue qui s’est joué début avril, ou chacun l’a joué perso, Hubert sur le Sacré Trail des Collines à Tullins (35km@1335m>0) et Philippe sur le trail des Glaisins à Annecy (32km@1600m>0). C’est bien connu, un prologue s’est pour se mettre en appétit et se préparer pour l’épisode 1.

 

Nous nous sommes retrouvés à trois escargots le samedi 3 au matin à DESAIGNES en Ardèche pour participer au trail l’ardéchois. Hugo, pour son premier trail sérieux avait prévu de faire le petit parcours de 34km@1600m>0. Hubert et moi pour notre premier trail commun avec comme objectif vérifier tous le matériel et vérifier les premiers réglages pour l’UTMB. La distance et le dénivelé de ce trail sont raisonnables pour débuter notre préparation.

Le temps était splendide, ciel bleu avec un petit vent pour nous rafraichir, nous étions accompagnées par nos groupies, tout était parfait pour passer une belle journée à visiter les paysages magnifiques de l’Ardèche.

Sur la photo d’avant course, nous sommes déterminés et heureux d’être au départ avec le slogan qu’Hubert et moi

« partir ensemble, arriver ensemble »

 

 

Nous étions 1200 au départ, après un petit tour dans le village accompagné par un orchestre de percussions brésiliennes, nous nous élançons pour une course de 34 ou 57km, le choix se faisant au 29éme km. Cela nous permet de partir tous les trois ensembles pendant le tour du village.

Dés les premières minutes,  Hubert ayant des fourmis dans les jambes s’est envolé, laissant la famille Brincard bien seule.

Hugo lui aussi se sentait pousser des ailes dans toutes les montées et sur les 20 premiers kilomètres, il y en avait des montées. Comme un fils doit écouter son père, il restait au chaud derrière moi, même si parfois il prenait quelques mètres, je le recadrai rapidement. Au 10éme km, Marie-Laure nous attendais depuis quelques minutes, inquiète de ne pas avoir vu Hubert qui était déjà passé.

 

Comme d’habitude, j’avais fait le calcul de mon temps de course, objectif entre 7h et 8h pour les 57km. Je savais qu’Hugo ferai entre 4h et 5h sur le 34km. Marie-Laure avait tous les temps de passage à la demi-heure près. Au 16éme km, nous avions fait 2h de course et j’ai laissé partir Hugo avec les consignes d’usage, il est majeur maintenant, il peut se faire son trail tout seul. L’erreur de partir trop vite au départ ayant été évité, il n’y avait plus de risque (qu’en penses-tu Hubert ?).

Le paysage est magnifique, les routes relativement roulantes, je n’ai utilisé les bâtons que sur une montée et ils sont retournés sur le sac à dos. Après le passage dans un champ d’éoliennes, nous sommes arrivées dans un endroit magique, le château de Rochebonne (km 17) et sa cascade. Nous avons eu un passage très technique sur 500m mais quel enchantement. Je ne peux m’empêcher de sortir mon appareil photo pour immortaliser l’endroit.

 

 

Au 22éme km, le premier ravitaillement, le seul pour le 34km. Je commençais à avoir faim. Marie-Laure, toujours à l’heure pour nous photographier et nous encourager. La situation était la suivante : Hubert avait 25mn d’avance sur moi et Hugo 10mn.

Nous étions encore tous les trois très frais et avec le sourire. Pour ma part, je n’avais pas assez bu dans mes deux premières heures de course. Je me suis jeté sur le coca et les barres énergétiques. Un rapide calcul, Hugo serai bien dans les temps prévus et Hubert me prendrai une heure.

 

J’ai donné mes bâtons à Marie-Laure car ils ne servaient à rien. J’avais mon rythme très régulier, je commençais à stabiliser ma position, je me faisais doubler dans les descentes et je revenais dans les montées mais sur la durée, je distançais des concurrents. Hugo a continué à maintenir son rythme mais la lassitude s’est faite sentir, au 29éme km, il a retrouvé Hubert qui m’attendait. Hugo lui ayant dit que j’étais loin derrière, Hubert est reparti. Hugo a trouvé la fin longue mais il réussi à relancer dans la montée de l’arrivée, Il termine relativement frais, plus fatigué psychologiquement que physiquement. Il termine en 4h29mn à la 169éme place sur 644 arrivants et évidemment 1er Junior.

Pendant qu’Hugo terminait, nous étions dans une partie descendante très roulante mais il y avait peu de monde, les 2/3 des coureurs avaient choisi le petit parcours. Je me suis retrouvé seul devant un petit groupe d’une dizaine de coureur et tout à coup, j’ai vu débouler des coureurs par un autre chemin. Un bénévole m’a dis que je m’étais planté et qu’il fallait que je retourne, un petit kilomètre de plus, cela ne m’a même pas gêné. Nous avons facilement retrouvé le parcours de la course.  

 

 

 

Nous avions de beaux chemins, larges alternant montées et descente. Je me sentais super bien, aucune douleur musculaire,  la tendinite avait disparu. Je m’alimentais bien alternant Sportenine, gels, barres énergétiques et surtout beaucoup d’eau. Petit à petit je grignotais des places. Au deuxième ravitaillement (km 46) j’avais prévu de passer entre 6h et 6h30, Marie-Laure et Hugo devaient être là mais Hugo s’étant fait massé, de plus les routes Ardéchoises étant étroites, nous nous sommes manqués pour 5mn, je suis passé en 6h10. Mentalement, je me souvenais que sur mon topo d’avant course, il y avait une belle montée. Vers 6h30 de course, les premiers signes de tension musculaire au niveau des quadriceps sont apparus.

 

Je cherchai où se trouvait le château de Rochebloine (km 48) car à partir de ce sommet il ne restait plus que 9km. C’est alors que j’ai vu la file de coureurs s’attaquer à un mur qui du bas semblait insurmontable, j’ai sorti mon appareil photo pour bien me remémorer la difficulté après la course. Je me suis senti dispo pour faire cette montée en marchant d’un pas régulier et surtout d’une traite. Je m’étais dis que s’arrêter dans ce mur on ne pouvait pas repartir. Les coureurs que j’ai vu assis dans les genêts étaient abattus et faisaient peine à voir. Cela a été un des plus beaux moments de la course, je me sentais super bien et je savais que mon objectif de 8h serait atteint facilement. Méthode de calcul, pour 57km et 2400m de dénivelé positif, l’équivalent km est 57 + 2400/100 soit 81 « km trail », le tout à 10km/h donne bien 8h de course (CQFD).

 

 

 

Tous ces calculs fonctionnent quand il n’y a pas d’aléas personnel ou externe. Arrivé en haut du château en ruine, je sortais mon appareil photo pour une nouvelle fois immortaliser l’instant quand j’ai vu mon ami Hubert qui trônait dans ce château. Ce fut une énorme surprise, car pour moi Hubert était déjà arrivé et je ne pensai plus qu’à la gestion de ma course. Hubert était envahi de crampes comme jamais avec des difficultés pour s’alimenter. Ma décision a été vite prise, « partir ensemble et arriver ensemble ». Je suis resté avec Hubert pour que nous terminions ce magnifique trail ensemble. Je n’avais plus rien à me prouver, j’avais atteint mon objectif personnel : faire une bonne préparation pour l’UTMB, apprendre à gérer la semi autosuffisance, 2 ravitaillements sur 57km et ne pas être épuisé.

 

Il nous restait 9 km à faire ensemble. Ils furent long mais d’une grande complicité. Hubert n’arrivait plus à courir que quelques mètres avant que les crampes n’apparaissent à nouveau. Heureusement la route était en bon état, après quelques coups de téléphone à Liliane et Marie-Laure pour qu’elles ne s’inquiètent pas, nous avons essayé de courir à très petites foulées, Hubert à découvert la course très lente que je pratique tout le temps sur les longues distances. Après un petit arrêt pour libérer l’estomac, Hubert est reparti plus « léger ». Tous mes ex-collègues de fortune, nous redoublaient en nous encourageants. Malgré ces derniers km très douloureux pour Hubert, nous avons franchi la ligne d’arrivée ensemble avec le sourire sous les encouragements de nos supportrices. Nous terminons en 8h34mn et à la 258éme place sur 322 arrivants.

Autour d’une bonne bière, nous avons fait l’analyse à chaud. Ce qui est encourageant, c’est qu’il y a encore des marges de progrès …Pour moi, cela a été un grand moment de plaisir surtout les moments forts de la fin de course.

 

 

Le binôme des 24h de saint-Laurent du pont et de la Saintélyon va-t-il devenir un vrai couple ?

 

Il faudra attendre le prochain épisode le 1er juin au Roc de Chartreuse (56km@3600m. soit 92km trail).

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